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Photo du rédacteurSoul Food

Les pays se réouvrent aux réfugiés (ukrainiens)

Dernière mise à jour : 11 avr. 2023

Les vents de la compassion ont tournés depuis un certain temps maintenant, ce qui rend l’obtention de l'aide dont ils ont désespérément besoin plus difficile pour les migrants, les demandeurs d'asile et les réfugiés. Environ sept ans après ce que beaucoup ont qualifié de « crise des migrants » en Europe, les gouvernements européens ne semblent pas avoir évolués quant à la manière d'apporter une aide éthique et efficace aux personnes contraintes de fuir leur pays à la recherche de sécurité et d'opportunités décentes. Ce déferlement rapide et généreux de soutien aux Ukrainiens demandeurs d'asile a donc laissé beaucoup de monde perplexe. C'est un deux poids deux mesures tragique. D'une part, aucune personne honnête ne peut dire qu'il est mal d'aider les personnes dans le besoin, peu importe leur origine géographique ou culturelle ; mais d'un autre côté, il serait au mieux hypocrite et au pire cruel de nier le fait que le soutien offert aux Ukrainiens est une gifle pour les personnes dans des situations similaires provenant d'autres pays, notamment ceux et celles venant du Moyen-Orient et d’Afrique. Même les étudiants africains basés en Ukraine, ont eu du mal à quitter le pays lorsque la violence a éclaté et que la priorité a été donnée aux citoyens ukrainiens. Cela soulève la question, qu'est-ce qui rend les Ukrainiens plus dignes d'aide et de compassion que les gens de ces autres pays ?


L'hypocrisie des gouvernements européens est criante. Beaucoup de ceux qui ont critiqué les ONG et les bénévoles pour avoir aidé les migrants, les demandeurs d'asile et les réfugiés soutiennent désormais l'aide aux Ukrainiens. Les dirigeants de pays comme la Pologne et la Biélorussie ont montré une attitude nettement différente après avoir laissé mourir plus de 15 migrants et réfugiés à leurs frontières, lorsqu'ils ont refusé l’accès aux groupes d'aide humanitaire ainsi qu’aux journalistes venus les aider.

Photo © Soul Food / Kryssandra Heslop

En France, des rapports ont fait état d'Ukrainiens se voyant offrir un transport et un passage gratuits vers le Royaume-Uni, tandis que des migrants d'autres pays, y compris des mineurs non accompagnés, continuent de mourir sur le toit des wagons de trains alors qu'ils tentent d’atteindre un lieu sûr. Des mineurs non accompagnés sont également expulsés de leur logement pour faire place aux Ukrainiens. Dans un pays qui fait déjà l'objet d'une enquête pour sa maltraitance des mineurs non accompagnés, dont les droits sont violés à répétition, le message est clair : vos droits n'ont d'importance en France que si vous correspondez à une catégorie précise.


« Si la gratuité des transports était appliquée à toutes les personnes réfugiées, d'où qu‘elles viennent, ce jeune serait toujours en vie. Discriminer tue. » Utopia 56

De l'autre côté de la Manche, le Royaume-Uni a annoncé un plan visant à envoyer une partie des migrants et des demandeurs d'asile qui arrivent en Angleterre via la Manche au Rwanda, pays au bilan douteux en matière des droits de l'homme qui accueille déjà cinq fois plus de réfugiés par habitant que le Royaume-Uni. Les critiques ont souligné le fait que non seulement ce plan de « gestion » de l'immigration est contraire à l'éthique, relève de l’exploitation, et est trop coûteux et peu pratique. Cette proposition est également d’une grande hypocrisie compte tenu de la réponse officielle du Royaume-Uni en ce qui concerne les Ukrainiens demandant l'asile sur leur territoire.



Alors que la distance physique entre l'Ukraine et les États-Unis permet un niveau de distance pratique en termes d'aide concrète, les récits racontés sur les Ukrainiens sont assez différents de ceux racontés à propos des migrants et des demandeurs d'asile latino-américains. De plus, le fait que les États-Unis refusent de condamner le gouvernement israélien, ou son propre gouvernement, pour avoir envahi des nations souveraines et tué des civils sous prétexte de l’état de guerre, remet en question son autorité en la matière. Comment peut-on défendre le droit des Ukrainiens de défendre leurs familles, leurs maisons et leur pays tout en refusant simultanément aux Palestiniens ce même droit ? Les gens de chaque camp continuent de critiquer l'exceptionnalisme et l'hypocrisie américaine, mais ces critiques ne suffisent pas à garantir que tous les migrants, les demandeurs d'asile et les réfugiés soient reconnus comme des personnes ayant des droits, méritant la même compassion que les Ukrainiens.


Alors que certains ont indiqué que les actions illégitimes et atroces de Poutine contre l'Ukraine et ses citoyens étaient la raison pour cet élan de soutien, force est de constater que le gouvernement russe n'est pas le seul à commettre de telles atrocités. Les Ukrainiens ne sont pas les seuls à subir de graves injustices. L'Érythrée, le Soudan du Sud, la Syrie et le Turkménistan sont des pays qui se classent parmi les taux de liberté les plus bas au monde. La Biélorussie n'est pas si loin devant eux. Le Honduras a l'un des taux de féminicide les plus élevés au monde. Les Yéménites sont aujourd'hui confrontés à l'une des pires crises humanitaires, 73 % de la population dépendant de l'aide humanitaire. Les habitants de ces pays méritent le même niveau d’aide, de compassion et de considération que l'Ukraine.


En 2020, il y a eu une prise de conscience internationale sur la réalité du racisme. Les gens ont publié des carrés noirs et ont commencé à promouvoir les entreprises dirigées par des Noirs. Certains sont allés plus loin et ont fait des efforts significatifs pour s'éduquer et éduquer les autres. Pendant ce temps, il a été souligné par les défenseurs des droits des migrants et des réfugiés que bien que toutes ces mesures soient importantes et devaient bien être prises, pas assez n’était fait pour soutenir les migrants noirs, les demandeurs d'asile et les réfugiés. On les laissait toujours mourir en Méditerranée tandis que les humanitaires et les bénévoles qui tentaient de les aider étaient de plus en plus poursuivis. A cette époque comme aujourd'hui, l'hypocrisie était poignante. Le hashtag #BlackMigrantLivesMatter a commencé à être utilisé pour faire la lumière sur la question, qui, probablement en raison de la position vulnérable des sujets dans la société, n'est toujours pas suffisamment couverte.


L'impact négatif de l'invasion de Poutine ne fera que continuer à se faire sentir. On estime que plus de 40 millions de personnes en Afrique de l'Ouest manquent de sécurité alimentaire, et la guerre en Ukraine devrait aggraver ce problème en faisant grimper les prix des denrées alimentaires ainsi que du carburant, déstabilisant davantage les nations déjà économiquement instables qui souffrent de la violence, de l'instabilité politique et de l’impact négatif du changement climatique. Lorsque les gens fuient ces nations africaines à la recherche de sécurité et de moyens de subsistance, l’attention portée à ces liens sera probablement oubliée, au détriment de ceux qui en ont le plus besoin.


Tous les réfugiés, les demandeurs d'asile et les migrants doivent être les bienvenus. La défense des droits des Ukrainiens et des personnes d'autres pays ne s'exclut pas mutuellement. On peut être indigné par les crimes de guerre commis en Ukraine, tout en étant tout aussi indigné par ceux qui sont commis au Yémen et en Palestine. Le droit de demander l'asile est un droit fondamental qui doit être accordé à tous ceux qui en ont besoin. Nous devons dénoncer l'injustice partout, pas seulement lorsqu'elle impacte les personnes qui nous ressemblent ou dans des pays que nous croyons être similaires au nôtre. Faire moins que cela serait injuste et hypocrite, et ne servirai qu'à enhardir les tyrans à continuer de commettre des atrocités.

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