C’est l’été à Paris. Après une longue période d'enfermement, de nombreux Parisiens sont heureux de sortir de leurs appartements, de savourer de bons plats dans des restaurants qui ont rouvert et d'être en bonne compagnie après des mois d'isolement sans précédent. L’été a été très chaud jusqu’à présent, et comme dans tous les pays où le COVID-19 est toujours endémique, il est plus facile de se déplacer dans Paris et de profiter de son charme et de sa beauté. Les étés européens sont magiques, avec leurs longues journées qui se transforment lentement en soirées chaudes et rosées. À Paris, il est courant de s'asseoir dehors sur des terrasses et de pique-niquer dans les parcs et le long des canaux. Ceux qui ont la chance de vivre à proximité peuvent ensuite rentrer chez eux à pied. Depuis le 29 juin, quiconque se promènera autour du canal Saint Martin et du 11ème arrondissement sera probablement tombé sur un autre type de spectacle estival. Il y a un camp regroupant une centaine de mineurs non accompagnés (MNA) dans cette partie de Paris, juste en face de certaines de ces terrasses et pas trop loin d'un lieu de pique-nique populaire. Les enfants qui doivent dormir là-bas ne profitent pas de l'été comme nous tous.
Semaine 4
Cela fait presque quatre semaines que Médecins sans frontières (MSF), les Midis du Mie, le Comité pour la santé des exilés (Comede), le Timmy et Utopia 56 soutiennent les jeunes qui y séjournent. Ce camp est unique car il n’est pas dans un quartier populaire éloigné, à l’abri des regards et des esprits, mais plutôt dans le centre de Paris, à la vue de tous. Ces mineurs non accompagnés ne sont pas aussi invisibles que les 300+ MNA qui sont encore dispersés dans toute la région parisienne, ce qui rend plus difficile pour les autorités et les citoyens français de les ignorer.
Pendant le confinement, les autorités françaises ont été informées par de nombreuses organisations, avocats et autres professionnels des droits de l’enfant de la situation désastreuse des mineurs non accompagnés dans la région parisienne, mais la plupart des autorités ont délibérément choisi de ne rien faire. Un système adapté aux populations jeunes et vulnérables doit être mis en place pour garantir l'accès à un logement sûr et digne (pas à des gymnases), à l'éducation, aux soins psychologiques et aux soins de santé. L'intérêt premier de ces jeunes, qui ont fui des pays en proie à la guerre et à l'extrême pauvreté, devrait être la base de ce système.
Soul Food pour les jeunes migrants
Cette semaine, nous sommes allés visiter le camp avec des bénévoles et de jeunes membres de Soul Food. Nous voulions faire un petit don (collations saines, crayons, feutres et papier à dessiner), faire une activité artistique avec certains des jeunes là-bas, et en savoir plus sur le camp et se rendre compte de comment nous pouvions aider. Nous avons également pensé que ce serait bien pour les jeunes coincés dans le camp de parler avec certains de nos jeunes membres qui ont vécu ce qu'ils traversent et qui sont maintenant plus établis et plus près d'atteindre leurs objectifs.
Certains des jeunes que nous avons rencontrés sont clairement épuisés et frustrés par la situation. Certains nous ont dit qu’ils étaient à Paris depuis 6 à 9 mois et s’il y a des ONG qui les aident et des bénévoles qui viennent faire des activités comme le yoga et le théâtre, ce n’est pas suffisant. Ils veulent être protégés, l'accès à l'école et un logement convenable qu'ils méritent. Ils veulent vivre comme des adolescents «normaux». Ils veulent avoir la chance d'avoir un avenir.
Nous avons passé la plupart de notre temps à essayer de communiquer et de les encourager. Cela a pris du temps, mais nous avons pu échanger avec plusieurs jeunes. Nous avons passé du temps à parler et à écouter tout ce qu'ils voulaient partager. Nous en avons rencontré qui étaient occupés à créer des pancartes pour une manifestation le lendemain, avec des messages comme: « Mais où est notre avenir? », « Black Lives Matter », « Et si c'étaient vos enfants qui dormaient dans la rue? » Et « HelpMIE » (MIE = mineurs isolés étrangers.)
À un moment donné, nous avons réussi à trouver de l’espace sur une table de ping-pong, entre les gens qui créent des pancartes de manifestants et organisent la distribution de nourriture pour le dîner du soir. Nous avions des fournitures pour un atelier de dessin avec nous, y compris des photos de masques africains à colorier, créés par nos jeunes membres lors d'une excursion au musée et des restes de l'événement d'anniversaire que nous avons organisé en février. Dès que nous avons commencé à dessiner avec le couple de jeunes qui nous entouraient, d'autres se sont joints. Nous nous sommes levés pendant que nous colorions et dessinions, discutant avec nos jeunes membres et les jeunes migrants du camp qui étaient aussi curieux ou intéressés par le dessin. D'autres jeunes nous ont rejoint, tandis que d'autres ont préféré regarder. L'un d'eux s'est révélé être très talentueux et est allé avec enthousiasme dans sa tente pour apporter d'autres dessins qu'il avait réalisé. Nous leur avons fait savoir que nous laisserions une partie des fournitures afin qu'ils puissent continuer plus tard. Ce fut un bon moment, une pause simple et amicale au sein d'une réalité dure et dévastatrice.
Maintenant, ils doivent attendre impatiemment de voir si toute l'attention médiatique a effectivement fonctionné et si les autorités françaises vont enfin leur trouver la solution digne qu'ils méritent tous pour mettre fin à leur détresse.
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